A chaque fois que je passe par là, je suis choquée… et je me questionne !

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« Par là » c’est le long couloir de la station de métro « Montparnasse Bienvenue » à Paris. Depuis le 7 juillet une longue fresque célèbre les 30 ans du programme européen Erasmus.

Ce programme, qui a donc 30 ans, « consiste en un échange d’étudiants entre les différents pays ayant signé l’accord. Cela comprend les 25 pays européens, ainsi que l’Islande, la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège, la Bulgarie, la Turquie et la Roumanie. »
Ce programme est souvent jugé formidable. Il permet aux étudiants de voyager, de se rencontrer, d’apprendre autrement, de fertiliser les savoirs. Félicitation aux initiateurs de ce programme ! Jusque-là tout va bien.

Ce qui me choque ?

Sur cette longue fresque de 134 mètres de long, on voit des visages d’hommes et de femmes, les couples Erasmus, et des visages d’enfants, les enfants Erasmus. Tous visiblement heureux et souriants. Nous nous réjouissons pour eux.
Mais, c’est mon étonnement, ils sont tous blancs ! (à l’exception d’un réunionnais en début de fresque à la peau légèrement plus bronzée).

Est-ce cela l’Europe aujourd’hui ?

N’y a-t-il pas déjà, dans les lycées et les universités européennes, des étudiants à la peau café au lait, noire, ou aux yeux bridés ? Et si oui, où sont-ils sur cette fresque ?
Le ministère des affaires étrangères, allié à la RATP, et aux responsables du programme Erasmus qui ont validé cette fresque voudraient-ils nous faire passer un message subliminal autour de la couleur de la peau d’Europe ? Un message qui dirait que la vraie Europe est blanche ? Moi qui suis animée de la conviction que le métissage est l’avenir de l’humanité, je ne peux le croire. C’est un oubli, forcément, mais qui en dit long sur nos prismes déformants, nos aprioris, nos croyances profondes, les germes d’un racisme latent que nous portons en nous, et le manque d’ouverture qui est toujours notre signature lorsque nous ne faisons pas l’effort de considérer « l’autre » comme un autre « nous ».

Par curiosité et intérêt, je suis en train de lire le livre d’entretiens entre le sociologue Dominique Wolton et le Pape François. Je n’en suis qu’au début. A propos de l’Europe, le Pape François regrette que ce vieux continent soit devenue « grand-mère ». Il ajoute qu’en ce moment « elle a peur, elle se ferme ». Il la voudrait « mère » dit-il. Je suis d’accord. Une mère qui accueille tous ses enfants, issus de tous les croisements, pourvu qu’ils soient d’amour.

Qu’on se le dise !

Non seulement l’Europe est aujourd’hui multiculturelle et multiconfessionnelle, mais elle est aussi colorée. Elle est bigarrée. Elle est métissée. Cela en fait sa richesse d’aujourd’hui et de demain. Il faut le dire et l’écrire en grand et en long sur les murs des couloirs des métros et d’ailleurs, là où passent chaque jour des milliers de personnes.

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Merci d’avoir lu ce post jusqu’au bout. Je lirai avec plaisir vos commentaires. Peut-être d’ailleurs découvrirai-je grâce à eux quelque chose qui m’a échappé dans cette fresque et dans ses intentions.

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Publié par Laurence Baranski

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