« Nous avons toutes et tous connu des moments de crise existentielle. Elles se régulent parfois progressivement d’elles-mêmes. Ce n’était qu’une crise passagère. Tout rentre dans l’ordre et nous sommes soulagés de ce retour au calme. Nous nous réengageons alors, apaisés, sur les autoroutes professionnelles et sociales.
Mais parfois, nous ne parvenons pas à rejoindre le flot de la vie normalisée. Nous restons en marge, incapables de bouger. Nous n’en avons plus la force ou plus l’envie. Nous avons le sentiment que notre maison intérieure s’est effondrée, comme si « elle avait été construite sur du sable » selon l’expression du psychiatre Wilhelm Reich. « Il faut construire ta maison sur du rocher, disait-il aussi. Ce rocher, c’est ta propre nature que tu as tuée en toi. »
La crise que nous vivons est alors une invitation à aller à la rencontre de notre propre nature, de notre enfant intérieur diront certains, de notre enfant libre, ou encore de notre être profond…
Nous sommes, dans notre être profond, dans notre nature vivante, le véritable socle sur lequel le monde à venir va pouvoir et devoir ancrer ses nouvelles fondations.
Ce socle est totalement invisible et immatériel. Pourtant, nous n’avons pas d’autre point de stabilité et d’enracinement. Tout le reste n’est que du sable sur lequel nous ne pourrons, au mieux, que reproduire d’anciennes hiérarchies, d’anciens modèles et d’anciens rapports de pouvoir aujourd’hui dépassés.
En allant à la rencontre de nous-mêmes, nous modifions nos fondations et par là-même nous transformons peu à peu le monde. »
Extrait de mon prochain livre « Oser l’invisible », écrit en juin 2019, et dont la publication chez Chronique Sociale, initialement prévue en avril 2020, est un peu retardée compte tenu de la situation actuelle….