
L’expression « dissonance cognitive » est un peu barbare. Mais c’est aussi très important, particulièrement en ce moment. Si, vraiment. Permettez-moi de tenter d’expliquer pourquoi.
Je dis bien « tenter », parce que le principe même de la « dissonance cognitive » est qu’il est très difficile de réussir à se faire entendre, comprendre, et prendre au sérieux lorsqu’on veut exposer une idée. Je vais tout de même essayer de faire en sorte que vous me preniez au sérieux jusqu’au bout dans les lignes qui suivent, mais je ne suis pas du tout sûre d’y parvenir. Alors que vous commenciez peut-être à bien m’aimer, vous allez peut-être vous reculer en me regardant avec méfiance. Peut-être même vais-je perdre quelque ami.e.s car certain.e.s trouveront que je deviens infréquentable. Ou que je perds la tête. Pire, que je deviens dangereusement complotiste ! Je prends ce risque. Et merci infiniment par avance pour votre écoute attentive et bienveillante qui vont m’aider.
Alors, après cette longue introduction, la « dissonance cognitive », c’est quoi ?
Tout d’abord, c’est un processus étudié en science, c’est donc très sérieux. En « sciences humaines », et pour être plus précise en « psychologie sociale ».
En bref, la psychologie sociale étudie les interactions entre les mouvements collectifs, sociaux, et nos cerveaux et psychologies individuelles. Par exemple : comment apparaissent des mouvements de foule, dans un sens ou dans un autre ; ou comment en créer volontairement, c’est à dire en d’autres termes comment manipuler la foule.
Que vient faire la « dissonance cognitive » dans cette histoire de mouvements et de foules ? Elle y tient un rôle clé ! Mais c’est quoi ? Désolée si vous vous impatientez. C’est parce que j’ai l’impression de marcher sur des œufs. Je vais très lentement. J’accélère.
La dissonance cognitive est le processus par lequel nos cerveaux, mon cerveau, votre cerveau, vont être capables d’accepter une idée nouvelle ou pas.
Ce qui se passe généralement est que si une idée nouvelle est proche de ce que nous pensons et croyons habituellement, si cette idée vient confirmer notre vision du monde, si elle vient caresser dans le bon sens nos rêves et nos espoirs pour le futur, nous allons l’accepter et l’intégrer sans problème. Cette idée nouvelle deviendra alors un ingrédient supplémentaire qui nous permettra de penser un peu différemment, individuellement et collectivement, en apportant un peu de nouveauté ou d’espoir, mais sans remettre fondamentalement en question nos croyances individuelles et collectives. Notre cerveau est ainsi fait que ne sommes pas capables, ni surtout habitués, à faire des bonds d’idées trop grands. Nous préférons assurer prudemment chacun de nos pas lorsque nous traversons la rivière, plutôt que de faire un saut qui nous propulserait de l’autre côté.
C’est pourquoi, si une autre idée nouvelle est trop éloignée de ce que nous pensons et croyons habituellement, nous ne pourrons pas l’entendre ou pas l’accepter. Nous pourrons même la rejeter. Et parfois même la repousser violemment, parfois-même très très violemment. L’accepter deviendrait inacceptable, trop déstabilisant pour nous. Cela ne signifiera pas que cette idée est fausse, qu’elle ne repose sur aucuns fondements factuels et sérieux. Elle pourra être très juste et très vraie, mais tellement éloignée de nous et de notre perception, que nous la refuserons.
Dans le mythe de la Caverne, le philosophe Platon a très bien décrit ce processus au regard de ce que nous pouvons accepter sur ce qu’est la conscience, la connaissance et le sens de la vie par exemple. Les humains, disait-il en substance, préfèreront rester dans la caverne des ombres, plutôt de d’écouter les aventuriers et les pionniers qui, tout heureux, viendront leur dire qu’ils ont trouvé une nouvelle idée, plus large, plus ample, plus libératrice vis-à-vis de nos enferment cognitifs.
Dissonance cognitive, psychologie sociale, mouvements de foule, fonctionnement du cerveau, philosophie de Platon… Et alors ?
Confinés, nous vivons une période actuellement inédite et agitée. Elle l’est au niveau émotionnel. Elle va l’être au niveau économique et peut-être social. Elle l’est également au niveau intellectuel. Nos repères habituels s’effondrent. Effet du confinement imposé, nos propres structures mentales évoluent, dans un sens (gout retrouvé pour le plaisir de prendre son temps par exemple), ou dans un autre (peur et angoisse face à l’incertitude et au manque, autre exemple).
Les structures de la société elles-mêmes sont en train de vaciller. De nouvelles grilles de lecture de la société et des forces qui l’animent apparaissent. Pour expliquer tout cela, il y a bien sûr les analyses sociologiques et politiques classiques, que nous connaissons. Mais il y a aussi de nouvelles expressions et de nouvelles idées.
On entend ainsi parler de Nouvel Ordre Mondial, de vaccins et de puces injectées capables de nous tracer et même de nous contrôler. On entend parler de propagande généralisée et du voile de fumée provoqué par un virus qui ne sert qu’à masquer un effondrement économique et financiarisé pour mieux contrôler le monde d’après. On entend même parler de forces obscures motivées par un projet messianique sur l’humanité.
On entend également parler des dangers de la 5G, en même temps qu’un tout autre courant nous parle du pouvoir fabuleux de la 5D lié à l’expansion de nos consciences. De ce côté, on entend parler de la lumière et de ses forces, du pouvoir de nos rêves et de nos intentions, de la conscience sous ses différentes formes, incarnées et non incarnées, et de différents plans de réalité. Nous sommes invités ici à rêver en beau et en couleur pour faire émerger, grâce à notre pouvoir créateur, des mondes nouveaux, où l’amour, le respect et la bienveillance seront nos repères idéaux.
Tout cela est-il du grand n’importe quoi, ou est-ce vrai ? Et si c’était vrai ? Et si, effectivement, nous étions aujourd’hui invités à prendre du recul pour analyser autrement la vaste réalité dans laquelle nous cheminons ensemble.
Attention aux fake news bien sûr ! Grande vigilance !
Mais d’où viennent les fake news ? Des dynamiques sociétales qui vont dans le sens d’une préservation anesthésiée de nos anciennes grilles de compréhension du monde, ou des forces qui nous invitent à sortir de la caverne de Platon ? Et si la guerre dont on nous a parlé à la télé se jouait avant tout sur le terrain de l’information, de la propagande, et de la manipulation ? Ou en sommes-nous, individuellement, de notre propre compréhension et de notre propre dissonance cognitive ? Quelles idées nouvelles sommes-nous prêt.e.s à accepter ? A refuser ? Quelle réalité croyons-nous possible de créer ? Eh, dites, et si les extraterrestres existaient vraiment et que certains dirigeants humains le savaient ? Vous avez dit dissonance cognitive ? Pouvez-vous accepter cette idée ?
Ecoutons avant de prendre position. C’est à chacun de se faire son idée, son opinion et de décider à quel endroit poser son pied, pour faire son prochain pas et avancer.
Alors plus que jamais, information, discernement, et surtout paix. 🙏
Promis à celles et ceux qui me suivent, la prochaine fois j’écris un texte plus court. 😂 Merci à vous 🙏🙏🙏